J’ai rencontré Andy lors de son passage par le pays Niçois. Je l’ai rejoint à vélo et nous nous sommes mis en quête d’un endroit où dormir à la belle étoile.
Fidèle à son pseudo « DoubleTrackFanatic », il prend la première piste qui monte à la sortie du village. Il fera bientôt nuit. Dans un virage, quelques mètres carrés de terrain plat ; On envisage tous les deux de s’y installer… Il ajoute en souriant « Je n’ai jamais regretté de pousser un peu plus loin. »
En effet, après quelques minutes à pousser nos vélos en grimpant dans les cailloux, le spot nous attendait, avec vue panoramique sur la Baie des Anges.
Alors comme ça tu vis à vélo depuis 4 mois ?
Oui, et chaque jour est génial, quelle que soit la difficulté.
Il ne se passait pas grand-chose au Pays de Galles. J’y ai des amis, des petits boulots, mais rien ne m’y retenait vraiment. La plupart de mes amis ont ce que la vie moderne semble attendre de nous : Femme, enfant, CDI, crédit, voiture, carte bleue etc… J’ai la chance d’être propriétaire de ma maison, l’avenir de personne ne dépend de moi, alors j’ai décidé de voir ce que le monde a à m’offrir. J’ai mis ma maison en location pour ce voyage, je vis simplement en me faisant à manger tous les soirs et en campant là où j’en ai envie. C’est en partie un voyage de découverte et en partie pour trouver là où je m’installerai.
Comment t’est venue cette idée ? Tu as traversé des endroits qui t’ont particulièrement marqué ?
Un jour de pluie, pour tuer la monotonie, j’ai cherché sur Google Earth des endroits que j’aimerais voir à vélo. Je savais que la France devait être en haut de la liste pour la grande variété de terrains qu’elle offre. Ca, sa cuisine et ses gens l’ont hissée en tête de liste. Les Vosges, le Jura, les Aples, la Provence, ont tous dépassé mes attentes. Et il y a encore tellement à explorer…
Où trouves-tu la motivation pour rouler autant ?
Rouler quotidiennement au Pays de Galles était vraiment du boulot. C’est magnifique, il y a plein de possibilités, mais la météo… Le temps imprévisible -il y pleut et fait froid, même en juillet- m’a donné envie de voir le reste du monde. J’aime prendre mon temps, ne rien louper des lieux que je traverse, me reposer au chaud à l’ombre d’un arbre ou dans un jardin public. Regarder le temps passer. Qu’est-ce qui presse ? Qui tient le compte de mes kilomètres ? Pas moi, c’est sûr. L’attrait de la nouveauté et de l’inattendu me motive. Tu vois ce virage dont tu t’es toujours demandé où il mène ? Et bien je vais voir par moi-même. Je suis là pour profiter, pas pour me mettre dans le rouge.
J’ai choisi cette vie plutôt que la vie normale, j’ai fait des sacrifices pour en arriver là, pris des décisions que d’autres n’ont pas prises pour être là où j’en suis.
Tu es actif sur les réseaux sociaux. Le côté connecté est important pour toi ?
Avoir la possibilité de partager quasi-instantanément aussi bien mes petits moments de joie que les difficultés du voyage à travers les montagnes et vallées, c’est génial. Les réseaux sociaux, quand on les utilise pour inspirer les autres, peuvent vraiment me donner de la motivation. Ils me réconfortent dans les moments difficiles, avec des commentaires que je reçois ou des questions sur mon expérience. Ils m’aident à rester terre-à-terre dans les bons moments et me rappellent à quel point j’ai de la chance de faire ce voyage. Le fait d’écrire mon blog sur Polarsteps presque tous les jours m’aide à faire le point sur mes expériences ainsi qu’à les mémoriser encore mieux. Et puis j’aime bien pouvoir discuter, donc c’est un bon moyen de garder le contact avec le monde extérieur quand je suis dans un pays dont je ne parle pas la langue.
La nourriture fait partie du voyage.
Pourquoi ne pas profiter des produits locaux, plutôt que de transporter les sempiternelles bananes et barres énergétiques ?
Ainsi, votre en-cas n’aura pas dû traverser la planète, vous diminuez vos emballages, vous soutenez l’agriculture locale ET vous vous régalez !
Tu nous parles de ton vélo ?
C’est un Genesis Fortitude avec un moyeu Alfine 8, que j’ai passé en pneux de 27.5+ et drop bars. C’est une sorte de machine à tout faire, chargée comme un âne, c’est pourquoi je l’ai appelé Modestine comme dans le récit de R.L. Stevenson « Voyage avec un âne dans les Cévennes. » Parfois je dois le pousser ou même porter par dessus des obstacles, mais la plupart du temps c’est lui qui me porte, alors on est dans la même galère.
Et niveau matériel ?
Quand on part pour un long voyage sans savoir ce à quoi on devra faire face, c’est un vrai numéro d’équilibriste entre le confort et le poids…
Pour la navigation, j’utilise un Garmin Edge 1000 avec Opencyclemaps. J’ai deux matelas pour un sommeil réparateur et un réchaud à alcool Trangia pour le café -j’y suis accro- et pour cuisiner. J’ai fabriqué ma sacoche de cadre moi-même, vu que pour le prix d’un sac sur-mesure, j’ai acheté les matériaux et j’ai appris de nouvelles techniques. C’est un investissement à vie, la connaissance.
Dans la catégorie « matos inhabituel », comme je n’ai pas envie d’être un bikepackeur hirsute de plus, j’ai une tondeuse rechargeable. Je veux garder une apparence présentable !
Et si j’ai l’occasion de laisser un peu de mon matos quelque part avant le Torino-Nice Rally, j’aimerais beaucoup y participer ! Ca me permettrait de profiter de mon vélo autrement qu’en mode « tank », haha !
Quelle est ta prochaine destination, tu iras où après ça ?
Pour 2017, mon plan est… de ne pas être au Royaume-Uni pour Noël ! Je vais suivre le beau temps et la chaleur du Sud en Espagne à l’automne. J’adorerais voir la Camargue au passage. Un peu de plat me fera du bien ! J’ai hâte de voir des marais salants, des chevaux sauvages… Et des pistes doubles bien sûr ! Le Chemin de Compostelle fait assez de milliers de kilomètres pour m’occuper un bon moment, et peut-être le Maroc pour Noël…
Je vais continuer d’improviser au fur et à mesure.
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