De l’acier fait-main, de belles pièces et du style : Discussion avec avec les Belges Camille Goffard et Philippe Joie
Les Liégeois viennent de terminer leur traversée des Alpes franco-italiennes sur leurs gravels faits-maison. Je les retrouve frais, posés à la terrasse d’un bar en fin de chaude journée d’été, tous deux avec le sourire serein du voyage accompli.
Beaux vélos ! Philippe, c’est toi qui les as faits?
Oui ! Je me cherchais un gravel, j’avais déjà un route, un VTT… Je voulais un vélo qui passe partout. J’avais un cahier des charges en tête. Je cherchais parmi des marques pas trop chères, sans succès.
Je trouvais pas trop mon bonheur, et puis il m’est venu l’idée d’aller faire un stage ; c’est possible pour pas beaucoup plus cher que le prix d’un cadre.
Fin 2015, je suis allé à Copenhague, chez un Français, OTM Bikes. Il a un atelier qui paye pas de mine, mais très bien équipé et il sait vraiment ce qu’il fait. Il s’est formé aux USA, à l’UBI d’Ashland, a bossé en Italie chez Zullo… Donc j’ai fait mon cadre là bas.
Camille jalousait un peu mon vélo, donc je suis reparti chez Tom en refaire un. De là je me suis acheté un jig, du matos d’occasion, j’ai fait un 3ème cadre chez Tom, et ça fait un an et demi que je fais ça, je continue d’apprendre.
Vous faites quoi dans la vie ?
-Camille : Je suis dentiste. Je me déplace un peu à vélo, je vélotaffe un peu en été. On apprécie le vélo sous toutes ses formes, on se fait quelques voyages. Les Vosges, les Dolomites, le Ventoux…
-Philippe : Je travaille en partie dans un petit magasin de la région. A coté de ça, je me suis monté un atelier bien équipé dans le garage de chez mes parents pour pouvoir fabriquer des cadres.
Je suis une formation de mécanicien cycles, car c’est une profession protégée en Belgique. J’ai pris des cours du soir et ai validé ma première année. J’ai l’espoir d’un faire du vélo mon métier.
Tu vas monter ta marque de vélos?
Pour l’instant j’en ai pas les moyens. Et puis ce sont les premiers cadres que je fais, j’ai pas la prétention de dire que je suis cadreur. J’ai fait un vélo pour moi, un pour Camille, quelques autres pour des proches… J’ai un petit carnet de commandes d’une dizaine de vélos.
Ca prend du temps, c’est une activité qui resterait un peu anecdotique.
Quand j’aurai accès à la profession, j’aimerais avoir un espace aménagé d’une manière qui me plait, pas comme la plupart des magasins où tu as 25 vélos alignés les uns à coté des autres… J’aimerais proposer des marques qui me plaisent, Co-Motion, WTB, Chris King, Blackburn, tous ces gars là qui font la culture du vélo que j’aime bien.
Pour moi c’est important d’avoir une formation « académique » la plus complète possible. J’ai encore beaucoup à apprendre, et l’envie est là.
Pour l’instant je n’ai pas encore accès à la profession, alors je ne me projette pas trop loin dans le futur. Déjà la mécanique, le cadrage, une chose à la fois, il me reste un an de formation.
D’où vient le nom Venom?
Franchement y’a aucune signification. Il a fallu que je donne un nom au premier, c’est celui-là qui m’est venu, ça sonne bien. (rires) Y’a tellement de marques dont le nom est celui du cadreur, j’avais pas envie d’écrire « Joie » sur mon vélo
Camille : Ca pourrait être bien !
Philippe : Les marques que j’apprécie, des trucs comme Moots, ça part d’anecdotes. A un moment il faut donner un nom, ça tient à pas grand-chose.
Une mauvaise chute, le frottement ou juste l’usure, l’espérance de vie des sacoches de bikepacking est mise à rude épreuve.
Pour autant, on ne va pas les jeter à chaque fois qu’elles sont abîmées !
Sur le terrain
-Réparer un trou : Scotch armé. Un morceau à l’intérieur, un à l’extérieur pour assurer le coup, et c’est parti !
-L’astuce pour ne pas transporter tout le rouleau : enroulez-en quelques tours sur un stylo.
-Réparer une sangle : Quelques serflex ou un peu de paracorde, c’est toujours utile !
Une fois au propre
Pour le Cordura comme pour le X-Pac, une solution est de coller un patch à l’intérieur et un à l’extérieur.
La face interne du Cordura est en polyuréthane, plus lisse que l’extérieur, et collera mieux.
Malheureusement les colles polyuréthane ne sont pas très écolos…
L’astuce de grand-mère
Coudre une pièce sur le trou, frotter la couture à la cire et la chauffer au sèche-cheveux. C’est solide et imperméable. Il faudra juste remettre un peu de cire de temps en temps.
Enfin, les fabricants garantissent leurs sacoches plus ou moins longtemps. Un argument à prendre en considération !
Et niveau géo, tu nous en dis plus ?
Je voulais vraiment avoir de la place pour passer du gros pneu, pas être limité. Haubans et bases S-Bend Columbus, fourche en 44, douille conique… Sur le mien, j’ai fait une erreur, le boitier est trop bas par rapport à la taille de mes manivelles.
Bon, c’était le premier !
Niveau géo : Je voulais le mien assez classique, pas trop slopping.
Pour ceux de Camille et sa soeur par contre, beaucoup plus de slopping à cause de la petite taille. Ce sont des vélos en 650 mais je les fais avec des fourches de 700 pour avoir un peu plus de hauteur, réduire la taille de la douille. Surtout sur des petits vélos avec des tubes fins, je trouve les les grandes douilles inesthétiques. Ca permet de réhausser un peu l’avant du vélo et de ne pas mettre une pile d’entretoises. En tous cas c’est ce que j’ai fait sur le mien, et ça me plait bien. Boitier BSA pour la fiabilité et le peu d’entretien nécessaire.
Alors mon vélo n’a pas le rendement d’un gravel carbone, qui est vraiment fait pour rouler sur des surfaces entretenues, mais il n’est pas fait pour.
Là on est vraiment sur du plaisir et du confort.
Vous avez d’autres projets de voyages ?
On aimerait beaucoup aller rouler dans la Forêt Noire, ça a l’air magnifique !
Plus sur… Camille Goffard
Amatrice de belles pièces et maillots gais, la jeune dentiste vélotaffeuse-des-beaux-jours alterne entre ses Venom, Legend by Bertoletti en 650C et Pinarello FP Uno… fixé au home-trainer !
Son coup de coeur : absolument tous les maillots Machines for Freedom !
