La course North-Cape-Tarifa a été lancée la semaine dernière.
Les cyclistes traversent l’Europe depuis le Cap Nord en Norvège jusqu’en Espagne, en autonomie.
Nous avons interviewé Andi Buchs, organisateur de la course, quelques jours avant le départ.
Comment t’es venue l’idée de faire une course du Cap Nord à Tarifa?
A l’origine, j’y ai pensé il y a huit ans, en roulant au Cap Nord. J’avais entendu dire qu’il existait un record dans le Guinness « Du Cap Nord à Tarifa en autonomie ». A l’époque, je ne pensais pas en faire une course, je cherchais juste des gens pour avec qui faire ce parcours.
J’ai ensuite roulé de Trondheim à Copenhague, participé à la TransAm Bike Race, la Transcontinental et encore d’autres courses du genre…
C’est comme ça que c’est devenu une course.
C’est une course à une seule étape, sans assistance. Est-ce comme la Transcontinental, tu as uniquement des points de passages obligatoires ou y-a-t-il un tracé précis à suivre?
C’est un point auquel j’ai beaucoup réfléchi, mais tu vois, la Transcontinental représente beaucoup de travail à postériori : il faut vérifier que chaque coureur n’a pas emprunté une section interdite.
En ayant un parcours exact, c’est beaucoup de boulot avant la course, mais c’est bien plus facile à vérifier ensuite.
En plus, les gens viennent de partout dans le monde. Donc comme ça, ceux qui vivent trop loin pour reconnaître le parcours ont les mêmes chances que les participants européens.
Donc c’est une question d’égalité des chances?
Oui, bien que les cyclistes n’aient pas tous le même vélo ! C’est comme la TransAm : Tout le monde a le même parcours, alors si le revêtement est mauvais, si quelqu’un ne veut pas s’aventurer sur une voie rapide qu’un autre a prise, tout le monde fait exactement la même chose.
C’est goudronné tout le long de la course?
Haha! On traverse beaucoup de pays… Par exemple dans les pays baltes, ça risque d’être difficile. Mais c’est pas comme le Torino-Nice Rally : même s’il y a des sections gravel, ça passe partout en vélo de route. Et puis parfois c’est pas plus mal d’avoir une belle piste plutôt qu’une route pleine de nids de poule.
La question n’est pas « est-ce goudronné, est-ce gravel? »
Quand on passe la journée sur le vélo, plus les pneux sont larges, moins on fatigue.
Le fameux bronzage cycliste
Les beaux jours sont revenus, il est temps de se protéger contre les coups de Soleil !
Mais saviez-vous que la plupart des crèmes solaires sont une catastrophe pour l’environnement ?
Selon les sources, entre 6000 et 25 000 tonnes de crème solaire finissent à la mer chaque année, tuant les coraux et le phytoplancton en moins de 48h.
Chimique contre minérale
Il existe 2 types de crèmes solaires.
-La plus répandue, chimique, pénètre notre peau et n’agit qu’au bout de 30 minutes. En plus d’empoisonner la vie marine (et nous, en bout de chaîne alimentaire), elle est aussi directement nocive pour notre santé.
-La crème solaire minérale, elle, crée un filtre directement sur la peau, agit immédiatement et ne présenterait de danger ni pour la nature, ni pour nous.
Nanoparticules et perturbateurs endocriniens
Les crèmes chimiques peuvent perturber notre système endocrinien, et ce sur plusieurs générations…
Comme ce serait trop facile, ces 2 types de crèmes peuvent contenir des nanoparticules. Ces dernières peuvent pénétrer dans le corps et même passer la barrière hémato-encéphalique qui protège notre cerveau.
Alors que faire?
Vous l’avez compris, la crème minérale est à privilégier.
Mais comment savoir si elle contient des nanoparticules? Certains labels bios comme Ecocert interdisent leur utilisation.
Comme pour les autres produits : si le fabricant a fait l’effort de ne pas en mettre, ce sera affiché en gros ! Sinon, vous savez à quoi vous attendre.
La bonne vieille action mécanique
Enfin, comme d’habitude, la solution évidente : limiter son exposition au Soleil ! Pas besoin de crème en roulant à la fraîche.
Et si on est obligé d’aller rouler au Soleil de midi, il existe des vêtements anti-UV, manchettes ultralight UPF50 etc…
Pas si compliqué, et moins cher à long terme !
A quoi peuvent s’attendre les riders sur cette course?
Et bien, on peut avoir de la neige dans les Alpes… Le Col du Galibier était encore fermé il y a quelques jours. Il est arrivé qu’une étape du Tour de France soit annulée à cause de la neige en juillet. On ne sait jamais.
J’ai fait le Galibier une nuit, il faisait 15° à minuit. Le lendemain matin, ça avait chuté à 3°! La température peut changer très vite.
Je pense que sur cette course, il faut s’attendre à tout.
Je veux dire, le pic de Veletta est à 3400m…
Est-ce qu’il y a un profil-type de coureur ?
La liste des participants est affichée sur le site, avec leurs antécédents. La plupart d’entre eux a fait la TCR, TransAm, Indian Pacific Wheel Race, ce genre de courses sans assistance. Deux d’entre eux ont fait la Race Across AMerica. Ca devrait être intéressant vu que la RAAM est une course avec assistance. Tu as toute une équipe avec toi, qui organise absolument tout pour que tu n’aies qu’à pédaler. Ici c’est totalement différent.
C’est beaucoup d’organisation.
Le tout n’est pas de rouler fort, il faut savoir s’organiser et optimiser ses pauses.
Ce que j’aime dans l’aventure, c’est de me perdre. A quel point ça peut être de l’aventure de suivre une trace sur un GPS?
C’est quand même une aventure. Où s’arrêter? Où dormir ce soir? Et puis il y a la météo et plein d’autre paramètres qu’on ne peut pas contrôler… On peut crever et ne plus avoir de chambres à air ; on traverse 14 pays, on croise plein de cultures différentes, de langues différentes…
Dans les pays baltes, le tracé ne suit pas les routes principales. Ces routes-là sont partout pareilles : les mêmes boutiques de stations-essence, les mêmes sandwiches, les mêmes croissants… Mais dès qu’on les quitte, c’est différent. Il y a des endroits, en Finlande, en Pologne, où les gens ne parlent pas Anglais.
Je trouve que c’est une aventure.
Le départ est pour bientôt, comment te sens-tu?
Oui, c’est le 20 juin, une minute après minuit, la nuit la plus courte de l’année. Et avec le soleil de minuit!
D’ailleurs ça risque d’être interessant, comment les participants vont gérer ça? Pas évident de dormir dehors alors qu’il fait jour…
J’ai roulé là-bas, c’est très relaxant de ne pas avoir à se dire « oh, il fera nuit dans une heure, je devrais m’arrêter ». Et puis si les routes sont calmes en journée, on est absolument seul au monde la nuit. C’est assez spécial. On verra comment chacun gère ses pauses.
Andreas Buchs
North Cape-Tarifa founder
Ultra-cycliste, globe-trotter, vétéran des TransAmerica Bike Race, Indian Pacific Wheel Race, Transcontinental, TransAtlantic Way et bien d’autres…
Il aime l’excitation de rouler avec sa voiture électrique jusqu’à avoir presque entièrement vidé la batterie.
En savoir plus et suivre la course sur northcape-tarifa.com
Toutes les photos de cet article ©NorthCapeTarifa sauf les portraits d’Andreas @Evanoui.cc