
Bien avant que le terme Gravel n’apparaîsse, ce recueil -édité à seulement 100 exemplaires en 2002- recensait des parcours engagés sur les pistes alpines.
Cette petite pépite avait quasiment disparu depuis 15 ans…
L’écrivain et journaliste cycliste Max Leonard est sur le point de lui donner une seconde vie.
Comment t’est venue l’idée de rééditer Rough Stuff ?
C’est avec Bunker Research que Rough Stuff a commencé. J’ai été inspiré en faisant du vélo dans les Préalpes. J’ai commencé à remarquer des bunkers de partout. La Bonnette, col de Braus, Menton, Castillon… Je me suis intéressé à pourquoi on a mis tant d’efforts à défendre des lieux isolés, pourquoi ces tonnes de béton qu’on a portées tout en haut de la Bonette, à 2700m ? J’ai fait des recherches et pas mal d’excursions à vélo pour les trouver.
J’ai trouvé des références à ce livre, Rough Stuff Cycling in the Alps, et qui parlait de toutes ces Stradas militaires que je découvrais sur la frontière franco-italienne. J’aurais bien aimé en avoir un exemplaire, mais il était impossible à trouver.
Finalement, je me suis dit -comme j’ai créé cette petite maison d’édition, Isola Press– si je peux retrouver son auteur, pourquoi ne pas l’éditer moi-même ?
James Olsen m’a aidé : Dès le premier Torino-Nice Rally, on discutait des bunkers, de la région, on échangeait des parcours, etc… Et lui avait un exemplaire de Rough Stuff, dont il s’est servi pour créer le TNR.

Alors tu as eu un original, il ressemble à quoi ?
D’un côté, le livre de Fred est incroyablement bien fait, vu que c’était son métier, il travaillait à la Cambridge University Press. Donc la mise en page est impeccable. Et d’un autre côté, il l’a imprimé à sa bibiothèque et fait relier dans une papèterie… C’est assez incroyable à lire.
Qu’a pensé Fred de ton idée ?
Il m’a semblé plutôt heureux qu’on fasse une nouvelle édition. Dans son livre, il y a des parcours des années cinquante. Ca représente le travail de plusieurs générations et beaucoup de connaissances. Je pense qu’honnêtement, il ne voulait pas que l’information se perde. Il voulait la transmettre à la nouvelle génération, et il a tenu à ce qu’on y rajoute du contenu.
Et qu’avez-vous rajouté à la version originale alors ?
25 nouveaux parcours viennent l’enrichir. Will Davies de Cycling Challenge en fait quelques-uns, James et moi en avons rajoutés d’autres…
Fred m’a aussi passé 6 albums photos ! Du coup, il y aura beaucoup plus de photos dans ce livre que dans la version de Fred… Où il y en a quatre.
Les photos
« Elles sont pas terrible, j’avais juste un appareil compact… » Mais elles ont été faites à la pellicule, il y a 20 ou 30 ans. Maintenant elles sont vintage ! Vraiment elles sont très jolies.

Quel plaisir de découvrir de nouveaux paysages à vélo ! Le dépaysement, l’air frais, la nourriture… Et souvent, on n’a pas besoin de traverser la planète pour profiter de ces différentes ambiances !
L’Europe est suffisamment variée pour trouver son plaisir, avec ses forêts, ses montagnes, ses côtes littorales et même ses déserts. On le sait, l’avion et la voiture sont les moyens de transport les plus polluants, il est pourtant facile de réduire notre empreinte carbone avec autant à voir chez nous en Europe.
Rendez votre prochain voyage plus écolo, roulez à la découverte de votre région ou mettez votre vélo dans le train pour partir plus loin. Si vous devez y aller en voiture, co-voiturez avec des amis !
A-t-on besoin de voyager si loin si souvent ? Préservons le côté exceptionnel du grand voyage, et profitons des lieux à portée de roues !
Max Leonard partage les bénéfices avec :
J’adore son attitude, on dirait que l’équipement lui importe peu.
Il était très chargé. Sur les photos, il porte toujours une jolie chemise, un short classique et des tennis.
Et avec ça, il s’envoyait dans des trucs qu’on considère vraiment hardcore, comme grimper une via ferrata avec le vélo dans le dos, ou traverser des glaciers…

C’est une attitude excellente de se dire « ok, je vais pas le crier sur les toits, je vais juste le faire. » J’aime beaucoup.
Vous avez rajouté des traces GPS aussi ?
C’est une discussion qu’on a eu sur Kickstarter lors d’une mise à jour, et j’ai dit « Je ne crois pas que ce soit une bonne idée ».
L’esprit du livre et la manière dont on doit faire ce genre de choses, à mon avis, surtout avec Rough Stuff… On va dans des coins perdus, isolés… Les gens doivent faire leurs devoirs, savoir ce qu’ils font. Avoir une carte papier, des notes, un plan.
Le livre de Fred ne te mâche pas le travail. Il te donne le nécessaire, et c’est à toi à te débrouiller. Je pense que c’est une bonne attitude.
Donc tu édites le livre toi-même ?
Oui, c’est plus agréable de le faire soi-même, de la manière qu’on veut, sans dépendre de personne.
C’est comme pour la couverture de Bunker Research. Elle est en carton estampé, avec une reliure assez compliquée. Je crois bien que rien que la couverture coûte 7€ par livre… Avec un éditeur classique, on nous aurait dit « non, tu peux pas faire ça, fais-moi un truc pas cher ».
Donc on a fait quelque chose de joli, juste pour le plaisir.
C’est beau et inutile. C’est cool.
Et donc cette campagne Kickstarter ?
L’idée avec Kickstarter, c’était de mettre les choses en route. Surtout en ce moment, je suis un nomade… Je ne voulais pas imprimer des tas de livres à garder dans un coin en attendant que ça se vende. J’ai déjà tout un carton de Bunker Research !
Donc l’idée, c’était d’en faire un petit nombre, faire ce qu’il faut pour que les gens que ça pourrait interesser en entendent parler rapidement, vendre le tout et passer à la suite. Mais en fait ça a très vite décollé et pris de l’ampleur !
A quoi attribues-tu ce succès ?
Je me suis dit que si je voulais ce livre, d’autres personnes le voudraient aussi. Parce que bon, je ne suis pas le gars le plus original du monde : si mon truc c’est le gravel, ça doit être le truc de beaucoup de monde ; Si j’aime explorer les Alpes, il doit y avoir d’autres personnes qui aiment explorer les Alpes.
En fin de compte, les fonds nécessaires ont été levés en 3 heures ! Et à la fin de la campagne, les gens avaient participé à 900%, c’est incroyable.
Entre les différentes œuvres caritatives, on va pouvoir distribuer dans les 1100€.
On ne s’attendait vraiment pas à avoir autant de succès, je suis super content ! On est très heureux de pouvoir en donner un peu.

Max Leonard
Ecrivain, journaliste cycliste
Max écrit et roule à vélo. Il est l’auteur de Bunker Research, Higher Calling et des Rapha City Guides.
En voyage à vélo, il ne transporte que l’essentiel. Notamment un bon whisky et un livre.
Photo ©Antton Miettinen
En savoir plus, précommander Rough stuff cycling in the alps
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