
En plus d’être synonyme de luxe, la marque américaine Compass est réputée pour être le top du confort, limite révolutionnaire si on en croit certains.
Effet de mode, réel avantage ou simple effet placebo dû au prix de ces pneus?
Nous avons testé une paire de Babyshoe Pass Extralight pour nous faire notre propre idée.
Déballage
Le pneu est emballé simplement : un film plastique au nom de la marque, et c’est tout.
Pas de notice, de conseil de montage ou de tableau de pression de gonflage… Cette marque est destinée au cycliste qui sait ce qu’il fait.
Première impression
Annoncé à 362g dans sa version extralight, nous avons pesé le Babyshoe Pass à 357g. Parfait.
Visuellement, le flanc beige est très fin, rappelant une carcasse de boyau. Il donne une (fausse?) impression de fragilité comparé à d’autres pneus plus classiques.
Le plastique des flancs accroche fort sous le doigt, il va clairement falloir savonner la jante pour mettre ce pneu en place.
Au toucher, on se rend compte que la bande de roulement est plus épaisse en son centre (3mm) que sur les côtés. Ca a du sens: on passe plus de temps à rouler à la verticale qu’en prenant de l’angle…

Montage tubeless
Ces Compass sont compatibles tubeless. Etant donnée la faible pression recommandée pour profiter de leur souplesse légendaire, le parti a été pris de les monter sans chambre pour en profiter au maximum et éviter les crevaisons par pincement.
Donc on met en forme les tringles souples et… Dans quel sens il se monte ? Le sens de rotation, habituellement inscrit sur le flanc du pneu, reste introuvable. Après avoir passé un moment à chercher, notre revendeur préféré nous a confirmé qu’ils n’en a pas !
Le choix du sens de montage est donc personnel, et s’est donc fait sur deux critères :
-Le dessin du pneu est en chevrons sur les extérieurs de la bande de roulement. Mais il est tellement peu marqué, pas certain que ça fasse une différence.
-Le logo bleu Compass n’est imprimé que d’un coté du pneu. C’est là l’argument indiscutable : Il ira donc du coté pédalier, et –règle 40– aligné avec la valve comme il se doit !
Au montage, on se rend bien compte que ces Babyshoe Pass sont du matériel de précision.
Sans pour autant présenter de difficulté, toutes les astuces connues sont recommandées:
-Pousser les tringles au fond de la gorge de la jante pour chausser le pneu
-Savonner les tringles pour pouvoir le claquer
-Retirer l’obus de la valve
-Utiliser un compresseur ou un réservoir d’air pour un gonflage plus rapide et de meilleures chances de plaquer les tringles à la jante
-Enfin, une fois le préventif installé, savonner les flancs pour vérifier que l’imperméabilisation fonctionne.
Montage en chambres
Le principe reste le même, la seule astuce réside dans le choix de la chambre à air.
Compass préconise les Schwalbe SV12 et SV14A. Sur le papier, elles sont en 26 pouces, mais elles s’adaptent parfaitement au 650*42.

Sur le bitume
A titre de comparaison: Avant ces Babyshoe Pass, je roulais en WTB Horizon 47, qui sont donc plus larges de 5mm.
Et bien malgré leur profil bien plus étroit, les Babyshoe Pass sont plus confortables !
Leur poids restreint et leur caractère très roulant permettent de se faire plaisir sur route et de se mêler à des pelotons sans trop d’effort.
Sur le sec comme sur le mouillé, l’accroche est impeccable, je n’a jamais réussi à les mettre en défaut (et pourtant j’ai serré les dents pour prendre bien plus d’angle que de raison ! )
Gonflés à la bonne pression, les flancs souples absorbent les chaos de la route, les gravillons, les jonctions de bitume et donnent vraiment cette fameuse impression de coussin d’air.
Moi qui faisais de petits écarts pour éviter les parties endommagées de la route, je me suis surpris à tirer droit à travers, sans même m’en rendre compte.
Coté pilotage, évidemment, avec au total 300g de pneu en moins par rapport aux Horizon, on a la sensation de redécouvrir son vélo ! Il paraît plus nerveux, plus roulant, plus agréable de manière générale.
Avec des sensations pareilles, j’ai vraiment hâte de tester la largeur au dessus, les Switchback Hill en 48. Ceux-ci sont encore 100g plus légers que les WTB…
On peut s’attendre à être encore plus impressionnés !

Sur piste
On a tous notre définition du gravel, souvent basée sur la nature des pistes qui nous entourent.
Le pneu a donc d’abord été testé sur des pistes roulantes de Camargue, où -sans surprise- il se comporte parfaitement.
S’il n’y avait pas le bruit si particulier du roulement du pneu sur la terre sablonneuse, on pourrait en oublier qu’on n’est pas sur du bitume.
Sa carcasse extrêmement souple absorbe les chaos de la piste, cailloux, trous… On n’y pense même plus.
Même en prenant de l’angle dans des virages rapides, avec la bonne pression d’air, le pneu vient épouser le sol pour une tenue de route surprenante.

Nous avons également testé le Babyshoe Pass sur les pistes caillouteuses du massif de l’Estérel.
Ici encore, pas de problème, c’est un régal.
Malgré leur largeur relativement restreinte pour du 27.5, les Babyshoe Pass survolent le terrain pourtant assez meuble et leur confort permet de rouler plus vite sans même s’en rendre compte.
Comme on peut s’y attendre, dans les passages vraiment cassants, on atteint les limites de ce pneu.
Dès lors que le terrain devient trop fouillant -comme avec n’importe quel pneu slick- on a tendance à perdre un peu de traction en montée et de direction en descente, mais ça reste gérable.
Certainement avec un ballon plus gros, et donc une plus grande surface de contact au sol, les limites d’accroche seraient repoussées.
Enfin quand le gravel se transforme en « bon vieux caillasson », on peut se faire surprendre à venir talonner le pneu contre la jante.
Mais pour nommer l’évidence : pour faire du VTT, prenez un pneu de VTT !
En gagnant en confort, on roule plus loin.
Et -en tous cas avec ces pneus- on roule plus vite aussi !
La vraie question
Ce serait plutôt : dans le cassant, les flancs ultralight tiennent-ils le choc?
Honnêtement, on a amené ces pneus bien au delà de leur zone de confort, loin des jolies pistes de gravillons, dans des singles caillouteux où les VTTistes nous regardaient avec de gros yeux.
Même si par moments, la jante a un peu talonné, pas une seule crevaison.
Et c’est bien là le compromis difficile avec du matériel si pointu : Pour garder les bénéfices d’un pneu aussi souple, on doit mettre peu de pression. Mais pour éviter de taper sur des pierres ou des racines, il faudrait augmenter le gonflage, et on perd vite cette souplesse. La fourchette de gonflage optimal est assez restreinte.
Bien sûr, après plusieurs mois à les maltraiter, les flancs finissent marqués de petites taches de préventif mais la combinaison Compass/Orange Seal est vraiment excellente.


Niveau pneumatiques aussi, on peut aussi essayer de moins polluer !
En tubeless
-Préférer du liquide préventif biodégradable
-Claquer les pneus avec un compresseur ou une pompe tubeless plutôt qu’une cartouche de CO2
En chambres à air
-Réparer les crevaisons avec des rustines plutôt que de jeter la chambre
-Ne jetez pas vos vieilles chambres, plusieurs associations les récupèrent pour les valoriser !
-Les cartouches de CO2 -même si elles sont recyclables dans le bac jaune- sont chères et peu écologiques.
Une mini-pompe fait aussi bien l’affaire !
Caractéristiques techniques
- Taille : 650b*42
- Poids vérifié : 357g
- Largeur vérifiée : 42mm
- Tringle : Souple
- Tubeless : Oui
- Couleurs disponibles : Beige, noir
- Prix unitaire : 84€
Le saviez-vous ?
Les pneus Compass sont conçus aux USA et produits au Japon dans l’usine Panaracer, avec le Gravel King et le Pasela.
Mis à part le lieu de fabrication, ils n’ont absolument rien en commun avec les Panaracer.
Le cahier des charges, la R&D, les matériaux, la ligne de production -et en conséquence le produit final- sont différents.
Points positifs
- Le confort exceptionnel
- Légers
- Très roulants
- Le look !
Points moins positifs
- Le prix
- La pression de gonflage doit être ajustée avec précision
VERDICT
Si vous en avez les moyens, les Babyshoe Pass apportent un vrai confort et transforment réellement votre expérience à vélo.
Rando, gravel rapide, vélotaf, leur champ d’action est vaste et leur solidité surprenante.
Comme annoncé, ce pneu s’adresse au cycliste averti.
Mais attention : une fois ces pneux hors-normes essayés, il vous sera difficile de revenir à des modèles plus classiques !
Pour nous, la gamme Compass Extralight est simplement la meilleure amélioration qu’on puisse apporter à son vélo (à moins de changer de roues, mais le budget n’est pas le même ! )
Merci 2-11 Cycles de nous avoir fourni les pneus et le préventif, pour vos conseils avisés et super contact !